Faites-vous connaître, nous vous exploitons

6 janvier 2015

Faites-vous connaître, nous vous exploitons

Une affiche annonçant un concours entre deux artistes de Beni.
Une affiche annonçant un concours entre deux artistes de Beni.

Peu avant le regain de l’insécurité en ville de Beni, à l’est de la RDC, des opérateurs culturels y avaient initié des festivals et concours pour la promotion de la culture et des arts. Mais pas pour le bonheur des artistes.

Exploitation ou promotion

Sur la dizaine de festivals et de concours d’art organisés en ville de Beni la plupart n’ont pas connu de phase finale. Ceux qui y sont parvenus n’ont jamais remis les prix promis aux artistes. Or dans leur phase préparatoire, les organisateurs de ces événements culturels prônent la promotion de la culture. Chris Ison, un jeune artiste évoluant dans la world music à Beni jure de ne jamais perdre son temps en prenant part à un festival organisé localement.

« Nous artistes, avons toujours été exploité par ces organisateurs d’événements musicoculturels. En premier lieu ils nous convainquent de nous affilier moyennant l’argent (Exploitation) tout en nous promettant en retour une visibilité et un soutien important (Promotion) pouvant booster notre carrière artistique. Au finish, c’est la déception totale. Après avoir amassé nos frais d’inscription et l’argent récolté auprès des spectateurs et des sponsors, certains organisateurs s’éclipsent sans que l’objectif du festival soit atteint » témoigne très furieux, Chris Ison, auteur de la célèbre chanson My Number One.

Improvisation et imitation

Les organisateurs de ces festivals et concours sont pour la plupart des profanes en matière d’événementiel. Aussi la majorité des ces opérateurs culturels n’a même pas les fonds nécessaires pour l’organisation de ces événements. Ce qui explique le caractère payant de l’inscription des artistes à ces festivals. Ce sont ces fonds récoltés auprès des candidats qui sont souvent alloués aux différentes dépenses lors du lancement de ces activités (réservation de lieux de spectacle, support publicitaire, logistique…). Les autres coûts pouvant être supportés par les frais d’entrée payés par les spectateurs.

« J’ai démissionné de la direction artistique d’un festival, car la veille du démarrage, l’organisateur n’avait même pas encore réservé la salle censée abriter l’événement. », affirme Nicolas Ekila, chroniqueur de musique dans une radio locale.

Imitant ce qu’ils ont vécu dans d’autres villes ou ce qu’ils ont vu à la télé, ces mécènes improvisés ne prennent pas en compte plusieurs aspects cruciaux : public ciblé, situation sécuritaire, partenariat… pouvant mener à bien leurs activités culturelles. Conséquence, aucun festival ou concours artistique n’a connu de deuxième édition à Beni ces dernières années.

Crise de crédibilité et corruption

Au delà de ces failles organisationnelles, ces festivals connaissent une crise de crédibilité. Les décisions d’équipes de jury chapeautant ces différentes manifestations sont remises en cause par les festivaliers, voire les spectateurs. Amateurisme, fanatisme, favoritisme, corruption… voilà autant d’accusations dont font l’objet les membres de ces jurys habilités à départager les candidats. Chose grave tout ceci se passe avec la bénédiction du service étatique de la culture et des arts qui autorise le déroulement de ces activités à la seule condition de payer la taxe due.

 

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Commentaires

Guy Muyembe
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À l'heure de you tube et de dailymotion je conseille aux artistes de Beni d'assurer eux-même leur promotion

Fiston Mahamba Larousse
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Bien sur Guy, mais vous savez que dans d'autres régions de la RDC l'internet appartient à une couche bien privilégiée et puis avec un débit en dessous de la moyenne, bien que la 3G+ est chantée dans plusieurs médias.