Fiston Mahamba Larousse

Dans l’Est de la RDC, il n y a plus de monnaie congolaise

Le bureau du service d’immigration de Kasindi, frontière de la RDC avec l'Ouganda. Photo: michaelbassin.blogspot.com
Le bureau du service d’immigration de Kasindi, frontière de la RDC avec l’Ouganda. Photo: michaelbassin.blogspot.com

La monnaie ougandaise règne en maitre dans la partie nord du Nord-Kivu

AA/Kasindi (RDC)/Fiston Mahamba Larousse

Ici, nous sommes bien au Congo, mais nous payons en « shillings », la monnaie ougandaise.

« Ici », c’est la partie nord de la province du Nord-Kivu, dans l’Est de la RDC, à la frontière ougandaise, où la monnaie congolaise a quasiment disparu, remplacée par l’argent ougandais, utilisé à hauteur de 95% dans toutes les transactions, selon de récentes statitistiques.

Cette spécificité, qui désespère les autorités politico-administratives locales, puise son origine dans une histoire complexe.

«  Au cours des années 2000, la RDC était scindée en plusieurs parties autonomes. Les différentes rebellions ont occupées de vastes territoires et y ont imposé leur loi. C’est ainsi que la partie nord de la province du Nord-Kivu avait été administrée par la rébellion du Rassemblement Congolais pour la Démocratie-Mouvement de Libération, RCD-KML avec l’Ouganda comme pays allié », relate pour Anadolu, E’l Katé Maghaniryo, directeur d’une Radiotélévision privée dans la localité de Kasindi, cité congolaise de plus de 50 milles habitants, qui utilise le shilling.

« Les relations étant coupées avec Kinshasa et la région a connu notamment la domination de l’armée ougandaise qui y imposa sa monnaie comme principale devise », poursuit Maghaniryo.

En 2003, la RDC avait été réunifiée suite aux accords de Sun City signés entre Kinshasa et les différents belligérants, mais les habitants de la partie nord du Nord-Kivu, sont restés attachés à l’usage du Shillings dans différentes transactions commerciales.

«Ce maintien du Shillings comme principale devise commerciale a été favorisé par plusieurs facteurs, notamment la stabilité du Shillings par rapport au Francs Congolais» explique à Anadolu Mbusa Sivyaghendera Nicho, économiste habitant la cité de Kasindi, qui a initié, en juillet dernier, une pétition populaire en vue d’obtenir des autorités administratives une loi interdisant l’utilisation de la monnaie ougandaise sur le marché Congolais.

« Aussi la facturation des taxes, impôts et autres droits douaniers en devise ougandaise par les services Etatiques de la RDC ont largement contribué à l’invasion du territoire Congolais par cette monnaie étrangère au détriment de la devise nationale » poursuit Nicho.

Pour Katembo Tshangamusa, président de l’association des cambistes de Kasindi , l’Etat Congolais est complice de cette pénétration du shillings puisque il paye les salaires de ses fonctionnaires en devise Ougandaise.

Il relève en sus que la faible bancarisation des transactions commerciales pérennise cette situation.

« Il n’existe pas de banque congolaise à Kasindi par exemple. Les transactions bancaires locales se font soit par le biais d’institutions de microfinance congolaises, utilisant le Shillings ougandais. Quant aux transactions bancaires internationales, celles-ci passent par les banques ougandaises, situées près de Kasindi » martèle-t-il tout en plaidant pour une implantation d’institutions bancaires congolaises dans cette contrée en vue d’inverser la tendance actuelle.

Les autorités politico-administratives de la province du Nord-Kivu se sont, elles aussi, impliquées dans la lutte pour éliminer le Shillings sur le marché Congolais comme c’est le cas en Ouganda, où seule la monnaie nationale est autorisée à circuler dans tout le circuit économique.

En 2014, un arrêté provincial avait ainsi été rendu public en vue d’atteindre cet objectif, mais cette mesure avait souffert d’application bien que le Franc congolais était devenu stable.

Au contraire, même, le Shillings Ougandais continuait son expansion et sa totale intégration dans la bourse Congolaise et à la mi-2015, les statistiques du service de l’économie en territoire de Beni ont indiqué que toutes les agglomérations du secteur de Rwenzori (2.359 kilomètres carrés), dans l’Est, utilisent le Shillings Ougandais à 95%.

C’est cette situation qui a irrité Nicho qui profite de la dévaluation du Shillings Ougandais en cours depuis bientôt trois mois [1 dollars Américain= 900 Francs Congolais qui correspondent à 3500 Shillings Ougandais] pour lancer une pétition populaire poursuivant le même objectif que l’arrêté provincial décrété en 2014 par l’administration locale pour dissuader la force monétaire de Kampala sur le sol Congolais.

« Si les mesures administratives n’ont pas réussi à résoudre ce problème, nous avons décidé de lancer cette initiative populaire en vue d’apporter notre part à la restauration de l’autorité de l’Etat par la valorisation de notre monnaie » déclare Nicho, confiant de pouvoir atteindre une dizaine de milliers de signatures en vue de remettre cette pétition aux autorités administratives pour que cette démarche populaire soit appliquée à travers un arrêté administratif.

Actuellement 4 milles personnes ont manifesté leur intérêt en apposant leurs noms et signatures sur cette pétition, « ce qui n’était pas possible les années passées car les habitants ne voulaient pas abandonnés l’usage du Shillings. L’actuelle dévaluation de la monnaie Ougandaise et la stabilité du Franc Congolais pourrait jouer à l’avantage d’une reconquête de la monnaie Congolaise sur cette partie de son territoire » nuance Justin Kasereka, agent au service client de la coopérative d’épargne et de crédit « Light Business. »

Entre temps, la campagne populaire visant à éliminer le Shillings sur le marché Congolais poursuit sa course, alors que la monnaie Ougandaise continue à régner en maitre dans toutes les transactions commerciales.

Vous pouvez lire aussi cet article sur le site de l’agence de presse Anadolu.


L’art et la culture pour aider les populations meurtries de Beni

Roselyne Mbiya s'est alliée aux jeunes talents locaux pour la réussite de la soirée. Photo: Roselyne Mbiya
Roselyne Mbiya s’est alliée aux jeunes talents locaux pour la réussite de la soirée. Photo: Roselyne Mbiya

Une jeune ressortissante du territoire de Beni a initié un projet culturel sur six mois afin de venir en aide aux populations locales.

AA/Beni/Fiston Mahamba Larousse

Roselyne Mbiya, jeune étudiante originaire de Beni partie, en 2012 en Ouganda pour poursuivre ses études a regagné sa ville natale. Elle y a trouvé un peuple meurtri, encore sous le choc de violences subies pendant plus de neuf mois. C’est ce qui l’a  décidé à créer un projet culturel pour aider ces populations.

L’initiative consiste selon Mbiya à organiser une série d’activités culturelles qui visent d’une part à divertir les habitants de cette ville et à financer d’autre part l’assistance des victimes : la plus grande part des recettes des spectacles organisés étant destinée à cette fin.

Cette initiative qui démarré au début du mois de juillet se poursuivra sur une durée de six mois. Mbiya prévoit entre autres, l’organisation d’un festival de danse traditionnelle, de concours de musique, de chant, de poésie et de dessin…

La ville et le territoire de Beni, situés dans la partie orientale de la RDC, ont connu des massacres sanglants depuis octobre dernier. Des massacres perpétrés par les rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF) contre les populations civiles.Accalmies, reprises des attaques, assauts nocturnes contre les positions de l’armée et embuscades contre les casques bleus de la Mission onusienne, voilà le quotidien de la population de cette région du Nord-Kivu.

Ceux qui ont échappé aux massacres demeurent marqués par les images. Ils sont sans aucune assistance psychologique, les ONG œuvrant dans ce domaine s’étant tournées vers l’assistance d’urgence aux personnes déplacées.

« Les nouvelles qui me parvenaient de Beni lorsque j’étais à l’étranger, laissaient imaginer une ville déserte… se souvient la jeune fille.  A mon retour, j’ai trouvé un peuple, qui n’a pas encore perdu tout espoir malgré la souffrance dans laquelle il vit. Et c’est pour aider cette population à mieux remonter la pente que j’ai pensé à ce projet culturel. J’ai voulu aussi accompagner cet espoir d’un retour à la paix et renforcer la solidarité au sein de la communauté de Beni ».

Bon nombre d’habitants de la ville apprécient ces événements culturels. Pour Victoire, 25 ans, c’est une diversion. Mais certains se disent sceptiques : « l’initiative pourrait servir des intérêts personnels, car une telle organisation de manifestations permet de brasser de l’argent ».

Roselyne a organisé au début du mois de juillet une soirée dédiée à la mode qui a mis à l’honneur la créativité locale.

Musique moderne et traditionnelle ont été au rendez-vous dans cette soirée à laquelle ont pris part des mannequins, des stylistes de mode, des responsables d’entreprises publiques et privées et bien d’autres figures de la scène politique, culturelle et médiatique locale. Les participants ont notamment échangé autour de la solidarité et de la situation à Beni et ont appelé à un retour de la paix.

Arsène Mapathi, jeune artiste musicien, a estimé dans une déclaration à Anadolu : « Lorsque les massacres ont atteint leur extrême violence, les différentes tribus locales, les politiciens de l’opposition et du pouvoir, les notables de la région, les militaires tant ceux de l’armée congolaise que de la Monusco (Mission onusienne) ont été accusés par les uns et les autres (sans preuve) d’entretenir l’insécurité dans la région pour leurs propres intérêts. Et c’est ce qui a généré une division sociale, favorisant ainsi, l’instauration par l’ennemi d’un climat de terreur. Mais grâce à de pareils événements, les gens réussissent à se parler et échanger des points de vue  sur d’éventuelles sorties de crise ».

Des habits traditionnels ont été vendus aux enchères lors de cette soirée inaugurale. Les recettes de la vente ainsi que l’argent récolté grâce aux droits d’entrée ont été consacrés aux orphelinats locaux.

Au-delà de sa dimension solidaire, la soirée a, surtout, été une occasion pour prouver que la population de Beni est une population qui garde espoir et qui s’accroche à la vie  en dépit  et contre tout.

Un article de l’agence de presse Anadolu.

 


« 3e mandat », le tube de l’année en voie de détrôner We’re Happy de Pharrel Williams en Afrique

Manifestant opposé au 3eme mandat du président Pierre Nkurunziza à Bujumbura. Crédit: francais.rt.com
Manifestant opposé au 3 mandat de Pierre Nkurunziza à Bujumbura. Crédit: francais.rt.com

Dans l’industrie musicale, une chanson qui fait un grand buzz a toujours connu plusieurs reprises. Tel a été le cas du morceau « We’re Happy » sorti en 2014 par l’artiste américain Pharrel Williams.

La chanson « We’re Happy » de l’artiste musicien américain Pharrel Williams a connu des reprises en audio et vidéo dans les quatre coins du monde. De la grande ville de New York aux Etats-Unis à la petite ville de Beni au Nord-Kivu, les habitants voulaient tous reprendre cette chanson.

« 3e mandat », c’est ce titre dont la première version est sortie à Bujumbura. Une chanson interprétée par la super star Pierre Nkurunziza sous la production du label CNDD-FDD. A quelques jours de sa sortie sur le marché, le tube a été le plus célèbre au Burundi. Cette notoriété a vite traversé la frontière burundaise. Elle a été le son from Burundi le plus diffusé.

Selon les observateurs de l’industrie musicale en Afrique, ce succès en fait le tube de l’année en Afrique, car plusieurs autres artistes célèbres du continent (présidents) voudraient remixer ce morceau. Ils ont sollicité et gagné des contrats au sein de labels sous lesquels ils évoluent pour une éventuelle production et promotion.

Si dans l’industrie musicale, le problème de la piraterie est évoqué par les auteurs et compositeurs qui sont souvent victimes de la piraterie et ne vivent pas de leurs droits d’auteur. De même le véritable auteur de la chanson « 3e mandat » (le peuple) qui a fixé à travers la Constitution les principes et règles pour la reprise de cette chanson n’a pas seulement été victime de la piraterie. Voulant réclamer son droit violé, il a été réprimé et la justice en laquelle il pouvait en principe recourir pour sa protection l’a abandonné à son triste sort. Celle-ci se voyant obligée de protéger le plus haut placé alors que le peuple lui continue à dénombrer ses victimes.


Dites à Tiken Jah Fakoly de ne pas venir chanter « Quitte le pouvoir » à Kinshasa

Tiken Jah Fakoly en prestation au Festival Amani à Goma le 17 Février 2015. Photo: Charly Kasereka
Tiken Jah Fakoly en prestation au Festival Amani à Goma le 17 février 2015. Photo: Charly Kasereka

 

Lorsque j’ai appris que l’artiste Ivoirien Tiken Jah Fakoly était invité en République Démocratique du Congo dans le cadre de la programmation du Festival de Jazz de Kinshasa, JazzKif et de la fête de la musique célébrée chaque 21 juin, je me suis imaginé ce que le gouvernement de la RDC pouvait faire pour empêcher la prestation de Tiken Jah Fakoly, cet artiste, connu pour ses textes critiques à l’encontre de plusieurs dirigeants Africains et de gouvernements dont l’espace démocratique dans leur pays reste étranglé. Comment dans un pays qui réprime les citoyens qui manifestent pour demander le respect de l’ordre constitutionnel, un musicien aussi engagé pour la sauvegarde de la jeune démocratie en Afrique pourrait prester sur scène sans se heurter à la répression et la censure devenues récurrentes à l’approche des échéances électorales?

J’ai exprimé mes craintes quant à la tenue de ce concert de Tiken Jah Fakoly vus les titres révolutionnaires dont il est auteur et qui devrait constituer le répertoire qu’il allait interpréter à Kinshasa. Ma première crainte était que le musicien se fasse arrêté ou se voir expulsé pour avoir appelé le peuple Congolais au soulèvement face à un gouvernement offusquant de plus en plus les libertés fondamentales de ses citoyens et critiqué pour avoir initié quelques magouilles tendant à le maintenir au pouvoir en violation des dispositions constitutionnelles, qui limitent à deux, le nombre de mandat du président de la République. Tiken risquait de subir le sort d’autres activistes ou des opposants s’étant exprimés contre la révision de la constitution ou tout autre manœuvre qui permettre aux dirigeants actuels d’être aux affaires au delà du délai constitutionnel. Aujourd’hui une trentaine d’opposants et de militants se retrouvent sous le verrou pour avoir dit non à un troisième mandat pour l’actuel chef d’Etat. Chose irritant, la plupart de ces détenus politiques sont incarcérés sans aucun procès et font l’objet de torture lors de leurs interrogatoire signalent les ONG de défense de droits humains.

Ma deuxième crainte reposait sur le sort de spectateurs qui devraient venir nombreux, prendre part à cette production scénique de l’Ivoirien Tiken Jah Fakolly.  Peu avant le concert raté de Tiken Jah Fakoly à Kinshasa, les Kinois (habitants de Kinshasa), connus pour leur goût à la musique, étaient dans la grande déception de ne pas voir joué sur scène, l’artiste Belge d’origine Rwandaise Stromae, qui venait d’annuler aussi son concert prévu à Kinshasa le 13 juin officiellement pour des raisons sanitaires évoquées par son équipe. Pour les Kinois, une semaine après l’annulation du concert de Stromae, l’annonce d’un Tiken Jah Fakolly sur le podium était non seulement une occasion pour se soulager du concert annulé de l’artiste Belge dont le remboursement de billets d’entrée reste encore hypothétique, mais aussi une occasion propice pour soutenir le message que devrait livré l’auteur de la chanson « Quitte le pouvoir » vue la position qu’il avait manifesté vis-à-vis de l’alternance en Afrique plus particulièrement au Burundi  lors de manifestations anti-troisième mandat de Pierre Nkuruziza et en RDC suite à l’arrestation de militants Africains pro démocratie (Filimbi et Y’en a marre) en mars dernier à Kinshasa.

Mais quelle crainte avais-je pour ces gens qui devraient juste venir assister à un concert et qui n’aurait rien à avoir avec la politique? Laissez-moi dire un mot.  Lors de la rencontre des activistes Sénégalais du mouvement Y’en a marre et Burkinabè du Balai Citoyen avec leurs confrères Congolais du mouvement Filimbi, la plupart des participants à la rencontre avaient été arrêtés, y compris un diplomate Américain. Le gouvernement Congolais les avait accusés d’avoir participé à un mouvement terroriste et de tentative de déstabilisation des institutions de la République. Certains d’entre ces militants arrêtés restent jusqu’à présent sous le verrou sans toute forme de procès en sus de la demande de libération de ces militants par la commission parlementaire mise en place pour éclairer les circonstances d’arrestation de ces activistes. Cette commission a indiqué que les activités des collectifs Filimbi, Y’en a marre ou Balai Citoyen n’avaient aucune vision en lien avec le terrorisme ou d’avec toute tentative de déstabiliser les institutions de la RDC.

Voilà où résidait ma crainte. La similitude  de ce concert du Festival de Jazz de Kinshasa avec la rencontre de ces militants évoquée ci-haut. Cette ressemblance se manifeste dans le cas où pour la rencontre Filimbi, les ressortissants de pays de l’Afrique de l’ouest venus prêcher à leurs pairs Congolais la révolution [selon le gouvernement Congolais] ayant influencé les événements qui ont mis fin aux aventures de présidents de leurs pays respectifs (Sénégal et Burkina Faso) à briguer un troisième mandat-alors que la rencontre avait pour thème l’engagement citoyen- et de l’autre coté un concert avec comme tête d’affiche une icône, Tiken Jah Fakoly, venu de la Cote d’Ivoire, pays où un ex président avait aussi quitté le pouvoir sous la pression, venu chanter des titres à l’instar de « Quitte le pouvoir » ou « Mon pays va mal » dans une République Démocratique du Congo, où le président est soupçonné de vouloir tenter un glissement pour un troisième mandat que ne lui autorise pas la Constitution et où la pauvreté, la censure, la répression, la fraude, la corruption,… constituent de maux qui rongent la riche en potentiel RDC.

D’où j’avais lancé mon appel à ce raggaeman d’exclure du répertoire qu’il va interpréter à Kinshasa, les chansons pouvant le faire arrêté, lui et ses spectateurs qui couraient sans le savoir le risque de poursuite pour association des malfaiteurs ou outrage voire atteinte au chef de l’Etat. « Tiken ne t’en orgueilles pas pensant que le gouvernement Congolais n’aura pas ce courage d’interpeller plus de mille personnes. Mais ici si la police échoue son job, l’armée vient en sa rescousse. Aussi ne t’imagine pas qu’il n’y aura pas de prisons spacieuses pour accueillir de milliers de spéctateurs arrêtés dans ta suite. Ceux qui n’auront pas de place dans les prisons et cachots de la capitale, peuvent être  considérés à titre de personnes indigentes. D’où une chance peut leur être accordée d’aller rejoindre leurs paires qui reposent dans une fosse commune à Maluku, dans la périphérie de Kinshasa » avais-je lancé à ce musicien dans mon appel, vu la critique dont il pouvait se faire attirée car ayant appelé les artistes Congolais à prendre position et s’engager pour leur pays par le message de leurs œuvres discographiques lors de sa prestation scénique au Festival Amani à Goma en février dernier.

Ma crainte est vite restée en suspend car Tiken Jah Fakoly n’a pas pu jouer au JazzKif comme prévu. Il a été refoulé vendredi 19 juin dernier avec les membres de son staff. Officiellement, le gouvernement Congolais reprocherait à Tiken Jah Fakoly et sa bande de tentative de fraude fiscale. « Venus avec un visa pour touristes, Tiken Jah Fakoly et sa cohorte n’avaient pas indiqué qu’ils allaient s’adonner à une activité professionnelle, qui implique le paiement de taxe, d’où une tentative de fraude fiscale, qui a emmené au refoulement de cette team d’Ivoiriens» avait lâché à la presse le ministre Congolais de médias et porte-parole du gouvernement Congolais, Lambert Mende.

Toutefois, ce qui semble être un prétexte de Kinshasa au refoulement de Tiken Jah Fakoly en RDC, restera valide si et seulement si le gouvernement actuel de la RDC ne tournera pas les canons contre son peuple quand l’heure sonnera pour celui-ci d’entonner à l’unisson les chansons du répertoire censuré par Kinshasa de Tiken Jah Fakoly comme l’a fait Pierre Nkuruziza.

Par Fiston Mahamba Larousse à Beni, RDC


RDC/Nord-Kivu: la promotion sportive des femmes connaît un bond avec le Nzango

Deux équipes de Nzango s'affrontent au stade Matokeo de Butembo. Photo: NURPHOTO (Fiston Mahamba)
Deux équipes de Nzango s’affrontent au stade Matokeo de Butembo. Photo: NURPHOTO (Fiston Mahamba)

Avant l’avènement de ce jeu, les femmes étaient souvent laissées devant l’alternative du travail au champ et de l’oisiveté.

Butembo (RDC)/ Fiston Mahamba Larousse

Longtemps reléguées à des tâches ménagères, dans une zone où sévit la pauvreté et l’insécurité, les femmes du Nord-Kivu (Est de la République Démocratique du Congo) ont décidé de braver les obstacles liées à leur condition en se faisant des adeptes du Nzango, jeu traditionnel pour adolescentes, basé sur des affrontements dansants, devenu sport à part entière.

Il y a seulement quelques années, le sport féminin demeurait, dans le Nord-Kivu, un sujet hautement tabou. Dans la ville de Butembo, dans le Nord de cette province, par exemple, les femmes ne pouvaient aspirer à autre chose qu’au travail dans les champs ou à l’oisiveté.

Le salut est venu de Kinshasa, quand au début de cette décennie, quelques mouvements de migration en direction du Nord-Kivu, dans le cadre de permutations professionnelles, ont fait connaître une activité sportive, par essence, féminine.

Communément connu, en effet, dans les deux-Congo, par sa dénomination vernaculaire de « Kanké », le Nzango n’était, au départ, qu’un jeu pratiqué, la plupart des fois, dans la rue et les cours scolaires, par les jeunes filles.

Aujourd’hui, et depuis sa reconnaissance par les autorités kinoises, en 2008, c’est un sport à part entière. Il réunit des femmes, les aide à échanger leurs expériences, et à prendre part, ensemble, à une activité sportive. « Nous avons accueilli cette innovation avec enthousiasme et avons commencé par sensibiliser certaines femmes intéressées, qui sont venues par la suite rejoindre les clubs de Nzango » déclare à Anadolu, Sakina Bahati, présidente de l’entité sportive de Nzango de Butembo. Jusque là marginalisées dans les pratiques sportives, les femmes de Butembo ont ainsi trouvé une occasion pour s’exprimer à travers la pratique de ce jeu, qui leur rappelle l’enfance. Depuis qu’elle est reconnue par le ministère national des sports et loisirs, la pratique du Nzango n’est ainsi plus limitée aux rues et enceintes scolaires. Même que des règles plus techniques sont venues préciser un cadre, à la base, ludique.

« Le match oppose deux équipes de 11 joueuses, chacune rangées face à face sur un stade dont les mesures varient entre 19 mètres sur 2 mètres ou 18 mètres sur 1 mètre. » détaille Sakina. « L’arbitre se place entre les deux équipes pour donner la main aux équipes. Le point est marqué lorsque la joueuse de l’équipe qui a la main de l’arbitre croise son pied avec celle de l’équipe adverse. Mais pour l’équipe adverse, le point se marque lorsque le pied de sa joueuse décroise celui de la joueuse de l’équipe qui a la main de l’arbitre. Un marqueur est aussi chargé d’inscrire les points sur un tableau » poursuit Sakina en précisant que certains morceaux de chants folkloriques accompagnent les mouvements de pieds et les claques de mains exécutés par les athlètes, pour briser la fatigue.

Au-delà d’un simple entracte censé ramener du défoulement, cette pratique est chargée de significations hautement plus symboliques.«Petit à petit, nous avons constaté une évolution dans les mentalités des habitants. Plusieurs femmes ont adhéré à ce jeu devenu sport, et des hommes commencent à devenir de vrais fans ! Mêmes que certains sont devenus fiers de leurs femmes et ont pour elles plus de considération» témoigne Calypso Kungakunga, conseiller municipal chargé des compétitions de l’entité sportive de Nzango dans cette capitale économique du Nord-Kivu, à Anadolu. « Aujourd’hui les hommes constituent la majeure partie de nos fans et sponsors. Les maris viennent parfois nous applaudir lors de différents matchs. La pratique du Nzango est aussi une occasion pour nous, femmes, de nous épanouir en brisant le stéréotype de la coutume, jadis brandie par les hommes pour priver les femmes de certains droits» témoigne Hortense, joueuse de Nzango, à Anadolu.

«Les femmes sont généralement présentées comme moins fair-play que les hommes. Avec la pratique du Nzango, elles montrent qu’elles sont capables, pour installer une harmonie collective, d’être très cools» avance Desanges, une autre joueuse qui voit plutôt en la pratique de ce jeu-sport une promotion du challenge et de la culture de fair-play féminin.

Venu assister à un match de Nzango, au stade Matokeo de Butembo, Charly affirme à Anadolu que « parfois il est bon de voir le monde sous un autre oeil ». « Assister à un spectacle où une femme est l’acteur principal, c’est l’accepter en tant qu’humain » déclare-t-il, philosophe.

Renchérissant, l’entraîneuse Kaswera Mwenge, appelée « Maman Coach » par ses joueuses, affirme qu’ « à travers ce jeu, les femmes accèdent subrepticement à d’autres opportunités, comme plus de liberté d’expression, face à l’homme, qu’il soit mari, grand frère, ou même fils, la liberté de se réunir, sans beaucoup de tracasseries. Bref, nous avons gagné en dignité ! »

Bien que la ville de Butembo, avec ses cinq clubs de Nzango, ait vu son équipe occuper récemment la deuxième place au niveau du championnat provincial, plusieurs défis restent à relever pour attirer plus de disciples à ce sport, selon Sakina Bahati, présidente de l’entité sportive de Nzango. « Le manque d’infrastructures nous oblige à jouer dans des stades de football, l’insuffisant investissement du ministère des sports dans la promotion du Nzango et l’absence de sponsoring par les entreprises locales restent les obstacles auxquels nous restons confrontées pour la promotion du Nzango » conclut-elle.

Un article de l’Agence de presse Anadolu


RDC: Samuel Ikambiro désenclave une cité

Maison de la Radi Locale Lume. Photo: Fiston Mahamba Larousse
Maison de la Radi Locale Lume. Photo: Fiston Mahamba Larousse

Par Fiston Mahamba Larousse à Beni, RDC

 Nous quittons la ville de Beni (à 350 kilomètres au nord de Goma) en prenant l’axe routier Beni-Kasindi, la principale voie terrestre reliant la République Démocratique du Congo à l’Asie via l’Afrique de l’est (Ouganda et Kenya). Après une heure de voyage sur une route en terre en cours de réhabilitation suite à son état de délabrement, nous quittons cette route d’intérêt internationale mais abandonnée à son triste sort et prenons la direction du massif de Ruwenzori (la plus haute montagne de la RDC avec 512 milles mètres d’altitude). Ici, le voyage devient aisé. Une piste de desserte agricole construite par l’ONG Agro Action Allemande (AAA) et bien entretenue nous laisse rouler à une vitesse plus rapide.

Après 20 minutes, nous atteignons la cité de Lume, au pied du mont Ruwenzori. Une cité en plein essor grâce à une intense activité agricole dont les principales cultures sont le cacao, la papaïne et le café. Dans cette agglomération, un jeune s’est rendu célèbre. Agé de 21 ans, Samuel Ikambiro est encore sur le bas de l’école. Finaliste en sixième année des humanités secondaire, orientation commerciale informatique, Samuel tire sa notoriété de sa créativité. Il a désenclavé cette cité en y installant une radio locale. Jadis, accéder à l’information était une question de courage : suivre les informations avec un signal brouillé sur les ondes courtes ou escalader des hauteurs en vue de capter les radios émettant sur FM depuis la ville de Beni était la solution. En plus, les nouvelles locales, les annonces, les publicités n’avaient pas la chance d’être inclues dans les programmes de radios diffusant à partir de  Beni.

« J’ai constaté que le manque de radio rendait notre milieu plus reculé, malgré son émergence économique avec la culture du cacao. Voilà ce qui m’a poussé à apporter ma part en y implantant quelque chose qui ressemblerait à une radio ».

Faute de moyen et de soutien, ce jeune innovateur a dû faire appel à la technologie locale en usant des matériels disponibles et proportionnels à ses moyens pour monter une radio.

« J’ai monté 4 haut-parleurs au dessus du toit que j’ai relié à un mixeur-amplificateur et à un ordinateur portable pour faire fonctionner la radio » explique-t-il.

Le projet fut en partie parrainé par son grand-frère, Paluku Mbafumoja Paul. Ce dernier qui avait construit une microcentrale hydroélectrique d’une puissance de 10 KVA sur la rivière Mangana (3 kilomètres de la cité) accordant que la radio soit alimenté par l’énergie électrique produite par la microcentrale, qui dessert aussi dix autres ménages abonnés.

Dès son lancement en 2014, la radio devient familière à plus de 32174 habitants que compte la future commune rurale de Lume (selon la nouvelle loi de la territoriale en RDC).

« Elle ne nous exige pas d’équipement particulier pour être captée [poste récepteur] ni encore des piles [accumulateurs. Seule votre attention suffit pour être informé » commente un habitant rencontré au rond point central de Lume.

Avec un programme qui va de 5 heures à 7 heures chaque matin et de 20 heures à 22 heures le soir, la Radio Locale de Lume est devenue un réveil pour certains paysans. Ainsi des communiqués, des annonces publicitaires, des avis, des messages,… inondent la salle de la réception de ce medias local où fonctionne également une charge téléphone publique.

« Ces services payant nous permettent de gagner un peu d’argent en vue de subvenir aux éventuelles pannes de nos matériels, bien que l’objectif poursuivi par la radio reste social » répond Samuel à la question de savoir si son initiative vise un objectif lucratif.

Il fait savoir que parfois la radio émet à des horaires improvisés.

« Quand il ya des annonces nécrologiques, des communiqués en rapport avec la perte d’objets, des messages urgents,… en dehors de nos heures de diffusion, nous sommes dans l’obligation de faire passer le message ».

Les habitants se disent attachés à cette radio vus les multiples services que celle-ci les rend. Ils estiment que les haut-parleurs utilisés par la radio ne font pas du tapage dans la cité, comme c’est le cas d’autres équipements similaires sans un public cible.

« Certaines églises font du tapage toute la nuit ou pendant de séries de journées avec des haut-parleurs, mais cette radio a un programme de diffusion des nouvelles, de la musique,… bien destiné à nous habitants de Lume » indique satisfait Sunday Kambale, enseignant.

« La faible circulation d’engins roulant dans la cité -certains quartiers étant situés sur les collines du massif de Ruenzori- laisse passer le message diffusé par la radio sans interférence » fait remarquer Arnorld Kadunda, taximan.

L’initiative de Samuel emploie actuellement une équipe de six personnes dont deux animateurs et deux techniciens, tous bénévoles. Les deux autres personnes travaillant à la réception et à la charge téléphone étant rémunérées.

Le manque de documents officiels de radiodiffusion ne permet pas à la radio de diffuser l’information. Elle se limite à commenter l’actualité sous forme d’animation, chose que déplore Samuel Ikambiro qui rêve d’installer un émetteur moderne en remplacement de haut-parleurs en vue de mieux servir la population locale et élargir la zone d’émission de sa radio.

«Grace aux recettes que génèrent la centrale hydroélectrique, nous avons lancé un projet d’acquisition d’un émetteur. Dès que nous l’aurons, nous allons nous procurer les documents du ministère de Poste et Télécommunication enfin d’être autorisé à diffuser de l’information au service de nos auditeurs» a-t-il conclu.


El!kkya Team, le vent d’espoir de la culture au Kivu Nord

ELIKYATEAM

Le label Elikya Team ndlr l’équipe d’espoir se veut une plate-forme de promotion de la culture, du web activisme et de formation des jeunes des villes de Beni et de Butembo au nord de la province du Nord-Kivu à l’est de la RDC.

L’échange interculturel est l’une des activités envisagée par ce centre culturel en gestation dans cette zone en conflit et qui met les arts et la culture au centre du rassemblement des peuples malgré leur divergence.

Avec des contacts bien assis au pays comme à l’etranger, Elikya Team vise une mise en connexion entre talent locaux (culture, musique, médias,…) et des sommités internationales.

 

Partenaires

Elikya Team travaille avec plusieurs partenaires pour avancer dans son projet:

OASIS CONGO: Radio locale basée en ville de Beni, reconnu pour son engagement à la promotion des talents locaux

KC2CONGO: Centre d’échange entre artistes Africains et Americains basé à Kansas aux Etats-Unis


RDC : La Commission Electorale a rendu public le calendrier global des élections

Ceni

 

La commission Electorale Nationale Indépendante, CENI, a rendu public ce jeudi à Kinshasa le calendrier global des prochaines élections en RDC. L’élection présidentielle mixée aux législatives se tiendront le 27 Novembre 2016 a indiqué le bureau de la CENI qui a publié ce calendrier devant plusieurs représentants des institutions publiques congolaises et de la communauté internationale.

Les élections locales, municipales, urbaines et provinciales se tiendront le 25 octobre 2015 et les résultats seront annoncés le 10 décembre. Elles seront suivies des élections sénatoriales qui auront lieu le 17 janvier 2016.

Quant au vote des gouverneurs et vice-gouverneurs, ce dernier se tiendra en date du 31 janvier 2016.

La Ceni a aussi annoncé que ces élections auront pour coût 1 milliards 145 millions 408 680 dollars Américains.

Peu avant la publication de ce calendrier, le président de la RDC, Joseph Kabila a promulgué la loi électorale tel que modifiée par le Parlement après des vives contestations par l’opposition et la société civile de la première version de cette loi qui conditionnait la tenue des élections présidentielles au recensement général de la population.

Au lendemain de la modification de la loi électorale contestée, la communauté internationale avait souhaité voir la Ceni publier le calendrier global des élections prochaines en RDC. Ceci pour lever l’équivoque quant à la tentative du président Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà de 2016 en repoussant l’organisation de l’élection présidentielle.

 


BlackoutInternet en RDC, le gouvernement avait tort!

Internet_Matatizo

Au lendemain des manifestations contre la révision de la loi électorale en RDC, le gouvernement Congolais avait décide de couper le signal internet sur toute l’étendue du pays. Ceci pour éviter la propagation des rumeurs et des fausses informations via les réseaux sociaux estimaient les autorités Congolaise. Mais cette coupure d’internet tardive n’avait empêche aux internautes de s’échanger des images réelles des manifestations. Bien que les fausses images avaient aussi fait le buzz sur la toile.

« Internet coupé le lendemain, nous avions deja fait l’essentiel »se réjouissait un manifestant faisant allusion à ses publications en direct depuis la marche.

Un autre point faible de cette mesure est que les maisons diplomatiques étrangères et les cybercafés utilisant des prestataires étrangers n’ont pas été touchés. Des journalistes et des curieux n’ont donc pas été victime du #BlackoutInternet en RDC.

Un journaliste ne s’est-il pas exclamé: « La connexion internet est tellement puissante que je n’y crois pas en RDC. J’ai toute la bande passante de 10 million d’habitants de Kinshasa à moi seul. »

Seuls les utilisateurs des connexions locales ont subi la forte mesure du gouvernement de Kinshasa. Ce qui a causé d’énormes conséquences sur les plan économique que social des citoyens Congolais vivant au taux du jour. Et une semaine après les manifestations, ces mêmes citoyens continuent à se poser la question si internet et les SMS reviendront bientôt comme l’avait annoncé Jésus Christ.


Trouver un emploi en RDC, le parcours du combattant

Des chômeurs se réunissent en Ouganda. Photo: Joseph Elunya/Waza
Des chômeurs se réunissent en Ouganda. Photo: Joseph Elunya/Waza

C’est à la fin de mes études l’année dernière que je découvre la dure réalité de l’emploi en République Démocratique du Congo (RDC). Entre rareté d’entreprises privées, clientélisme au sein de l’administration publique et grandes exigences des organisations internationales, il ne reste plus que le secteur informel et la débrouille pour survivre.

Par Fiston Mahamba Larousse à Beni-RDC

Culte du diplôme

À Beni (350 Km au nord de Goma) et partout en RDC, les jeunes diplômés débarquent sur le marché de l’emploi diplôme en poche et cerveau rempli de théorie. Ici, on ne fait pas forcément des études pour apprendre un métier. Le prestige avant tout. Conséquence: les établissements d’enseignement supérieur déversent des milliers de jeunes théoriciens, très peu opérationnels dans le monde de l’entreprise.

Si le secteur informel absorbe une partie des chômeurs, la majorité de cette main d’œuvre jeune se retrouve sur le carreau. Une cible privilégiée pour les groupes armés dans cette région minée par des conflits armés depuis près de deux décennies.

Fonction publique: l’incontournable piston

Je ne suis sans doute pas le seul à ne pas savoir comment faire pour se faire embaucher au sein de la fonction publique. Je n’ai jamais entendu parler de concours. Le recrutement pour devenir fonctionnaire se fait dans la plus grande opacité. C’est la famille qui prime. Il est en effet fréquent de retrouver des membres de famille d’un haut fonctionnaire à tous les postes clefs d’une administration publique.

Le militantisme politique est l’autre voie royale pour accéder à un poste de fonctionnaire. Je l’ai appris à mes dépens en me rendant il y a quelques jours dans les locaux de l’Office National de l’Emploi (ONEM) pour solliciter des chiffres relatifs à l’emploi en RDC. J’y croise par hasard un voisin qui me proposait quelques mois plus tôt d’adhérer à son parti politique. « C’est le chef de mon parti qui m’a pistonné à ce poste. Tu aurais mieux fait d’accepter mon offre », m’a-t-il lancé, d’un air suffisant.

La fonction publique est loin de faire rêver mais c’est mieux que rien. Si les salaires de misère et les irrégularités dans leur versement peuvent décourager, on peut toujours compléter par les « avantages liés à la profession » qu’on désigne sous d’autres cieux par le mot corruption. On comprend mieux pourquoi l’administration congolaise est souvent pointée du doigt pour son inefficacité.

Secteur privé, quand l’informel prime

Avec environ deux cent employés, la Brasimba est la plus grande entreprise locale. Une goûte d’eau dans la mer, pour une ville qui compte plus de 100 000 habitants. Le secteur du bois et les savonneries locales ne font guerre mieux.

Difficile à court et moyen-terme d’envisager l’implantation de nouvelles entreprises dans un contexte d’insécurité provoquée par la présence de groupes armés dans la région.

C’est là qu’entre en scène la débrouille. Petit commerce ou exploitation artisanale de minerais chacun s’occupe comme il peut.

Organisations internationales, l’expérience avant tout

Lueur d’espoir au mois d’août dernier lorsque la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) publie une dizaine d’offres d’emploi, dans le cadre de sa relocalisation dans l’Est du pays.

Je m’empresse alors de soumettre mon dossier de candidature. On peut toujours rêver. Et si c’était ma chance de toucher le graal? Contrairement à la fonction publique, un emploi au sein d’une organisation internationale de cette envergure, c’est la garantie d’un salaire décent, versé régulièrement.

Aucune nouvelle de la part de la MONUSCO jusqu’à ce jour. L’organisation a sans doute privilégié un candidat plus expérimenté. C’est le problème des postes au sein d’organisations internationales qui requièrent en moyenne cinq années de pratique professionnelle. Une exigence qui décourage les jeunes candidats qui ne se donnent plus la peine de postuler.

Ce marché de l’emploi si particulier crée des frustrations. Faute de perspectives et de débouchés, de nombreux jeunes se retrouvent en marge de la société. Ils deviennent alors les proies privilégiées des groupes armés.

Quand j’y pense, je me dis qu’il est utopique de rêver d’une paix durable dans ma région sans la prise en compte des besoins légitimes de ces jeunes laissés pour compte.